J'ai voulu écrire mais il y avait pas le crayon avec lequel j'écris d'habitude dans le carnet dans lequel j'écris d'habitude. C'est un crayon pareil comme tous mes autres crayons alors j'en ai juste pris un autre dans le tiroir. J'écris toujours en bleu, parce que le noir ça manque d'humanité et que le reste ça fait pas sérieux. Le bleu c'est une valeur sûre de toute façon, et puis j'ai aucun intérêt à vouloir imiter une imprimante au laser. J'écris pas tant que ça au fond. Seulement, j'ai une tonne de lieux d'écriture. D'abord mes carnets, mes journaux. Et puis ma passion pour les blogues. Qui parlent de tout et de rien, ou qui ne parlent pas. On dit que se taire c'est autant que dire; pourtant dans le silence on entend n'importe quoi, et surtout ce qu'on veut bien entendre. Est-ce que c'est par peur de leurs propres pensées que les gens s'entassent un peu plus chaque jour dans des villes surpeuplées et bruyantes? Tout ce vacarme qui se veut vie mais qui est en fait le bruit des aspirations broyées sous la dent de la monotonie. Le bruit comme éloignement de la vie, comme gouffre où les connections se brouillent et s'épuisent. Le bruit qu'on produit, jour après jour, pour se réconforter, se rappeler qu'on s'écoutera pas penser.
Et les années qui passent.
Quand le silence vient c'est une révélation, ce silence contre lequel on s'est pourtant tellement esquinté. Le silence c'est le degré zéro de la vie parce qu'il nous permet d'être et que de n'être. De n'être qu'être.
Si tu penses que le contraire de la vie c'est la mort, tu te trompes, c'est le bruit. Si tu penses qu'écrire c'est un acte de silence, entend-moi bien crier.