mardi 25 janvier 2011

la angustia

La tiene Black Sabbath. La angustia. Del tipo de angustia que la hace huir frente al desafío, del tipo de angustia que acelera los latidos de su corazón al simple oír de un ruido inocuo. Al igual que una pantera en una jaula, da vueltas en la pequeña habitación sin tener el coraje de ir más allá que la puerta. La inquietud la rodea. No conoce nada, y sin embargo no lo quiere tampoco. Se enoja contra los otros gatos, que curiosos vienen a verla desde la entrada del cuarto. Entonces se puede oír su sordo gruñido, amenazador y profundamente malvado. Si el intruso no da vuelta atrás, Black Sabbath se refugia debajo de la cama, y su monstruoso rugido sigue resonar, levemente acallado por el espesor del colchón.

Pero cuando se atenúan los ruidos del día, sale de nuevo y derrama su triste llanto al pensar a su vida anterior. Había sido la dueña de una casa larga, tranquila, casi vacía. En esta casa tenía sólo a ella seis sillas, tres sofás, dos sillones y una alfombra enorme. Pero su mirada se oscurece cuando piense a estos ocho meses que pasó en la calle. Se había perdido; había visto la cara más cruel del invierno, había errado en las callejuelas más sucias de la ciudad, había sufrido el peor abandono, el de la confianza en el porvenir. Así ha contraído la angustia, que desde este tiempo no la deja nunca.

Su inseguridad puede trasformar su humor en una fracción de segundo, pasando de cariñosa a destructora. A veces su ira es tal que golpea a su ama, dejando largas huellas sangrientas con sus patas mutantes. Tiene seis garras afiladas como navajas al extremo de cada pie, y no se hace rogar para usarlas. Todo la molesta en su nuevo dominio: el piso del cuarto es muy frío, la comida no es la que le gusta, y el paisaje que ve por la ventana es lleno de edificios extraños. Black Sabbath tiene añoranza de su vida tranquila, pero más que todo, tiene añoranza de este estado de ánimo que le permitía vivir sin miedo, sin paranoia, sin angustia.

mercredi 12 janvier 2011

l'amérique hispanique

Bon, j’suis encore en retard. Tsé c’est long sécher ses cheveux le matin! Mais une fille doit faire ce qu’une fille doit faire. Une chance que mon PC c’est un Mac! Au moins ça allume vite vite.

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Bon de quoi on parle déjà? Ah oui, l’Amérique latine. Mais pourquoi le prof parle tout le temps de l’Amérique hispanique? J’comprend pas c’est où l’Amérique hispanique. Pourtant on m’a dit que c’est un cours sur l’Amérique latine. Note à moi-même : regarder sur google.

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Ah oui! Il parle du Mexique. C’est tellement un beau pays, avec ses plages, pis ses beaux hôtels. En plus, dans leur culture, les drinks c’est toujours inclus dans les tarifs, c’est tellement cool, on peut boire plein de piña colada! C’est juste dommage que les gens se battent tellement pour des champs de cocaïne. Ils devraient prendre exemple sur le Québec et nationaliser tout ça.

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Bon, le Belize par contre j’connais pas ça. Ni le Surinam d’ailleurs. Ça sonne asiatique. Mais c’est en Amérique latine. Ou en Amérique hispanique? J’suis toute mélangée. Faut pas que j’oublie de regarder sur google.

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Il parle encore de Simon Bolivar. Décidément, populaire comme il est, il doit être un chanteur de salsa. Je comprends pas pourquoi tout le monde aime la salsa. Le reggaeton c’est tellement plus cool.

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Wow! J’viens d’apprendre que Cuba c’est une île. Faut absolument que je le dise à tout le monde, j’suis tellement fière! Heille j’étais TELLEMENT sûre que Cuba c’était en Amérique centrale, genre, à côté du Costa Rica. Ma cousine est allée pis elle a trouvé ça ben beau. Le Costa Rica là, pas Cuba. En tout cas, ça explique pourquoi ya tellement de plages à Cuba : y’en a tout le tour!

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Est-ce qu’ils cultivent la cocaïne, à Cuba?

mercredi 5 janvier 2011

La fois où j'ai mangé trop de pois au wasabi à côté d'un pont

Keremeos, août 2008.

Une autre belle journée en Colombie-Britannique. Le soleil brillait, le ciel était presque exempt de nuages. Nadia et moi avions fait le tour des vergers pour se trouver un emploi, et à force de persévérance, nous en avions trouvé un. Du thinning dans un vignoble, c'est mieux que rien. Et puis au cas où ça ne nous plairait pas, on avait aussi une autre offre pour cueillir des cerises. Tout ça pour dire qu'on avait fait accompli nos tâches de la journée, c'est-à-dire trouver une job.

Alors on est allées à l'épicerie du village pour faire le plein de nourriture. Chose surprenante, on y vendait des pois aux wasabi, aliment que je n'avais jamais vu en-dehors du quartier chinois de Montréal. Une collation parfaite pour un si bel après-midi.

On a pris la route qui mène au pont couvert, celle-là même qui mène au terrain de camping où sont parfois organisés des raves. Juste après la sortie du pont, on a tourné à droite puis on a laissé la voiture à quelques mètres de la rivière Ashnola. Cette rivière était glacée. On ne s'y baignait que symboliquement, parce qu'il faisait si beau dans la vallée Similkameen, et qu'on y était si heureux. Autant on brûlait au soleil, autant on gelait à l'ombre, et nous alternions entre la rivière, la plage et le dessous du pont.

C'est alors que nous sont apparus deux canadiens et leur bateau de sauvetage. Ils allaient descendre la rivière, qui avait un fort débit, pour les prochaines 12 heures. Ils avaient pensé à tout: une glacière avec eau, jus et vodka; une radio d'urgence; de la nourriture; des gilets de sauvetage; des pagaies; des vêtements chauds; une bouée; des lampes de poche imperméables, et plein d'autres choses. Alors pour fêter leur départ et leur souhaiter bonne chance, on a fumé le calumet de la paix avec eux. Ils sont partis, on s'est dit qu'ils n'atteindraient jamais leur point d'arrivée avant la tombée de la nuit, pauvres fous, et on a entamé notre boîte de pois au wasabi.

La brûlure intense des pois ajoutée à celle du soleil est venue frapper de plein fouet l'engelure causée par la baignade et le joint, et nous nous sommes écroulées, abattues, terrassées. D'autres gens sont venus et ont sauté dans le courant de la rivière, armés de bouées gonflables. Nous les avons regardés sans bouger de la rive.

Le wasabi que j'ai consommé ce jour-là m'a tant brûlé que j'en ai gardé des séquelles. Depuis ce temps, ses charmes épicés me sont complètement inoffensifs.