Keremeos, août 2008.
Une autre belle journée en Colombie-Britannique. Le soleil brillait, le ciel était presque exempt de nuages. Nadia et moi avions fait le tour des vergers pour se trouver un emploi, et à force de persévérance, nous en avions trouvé un. Du thinning dans un vignoble, c'est mieux que rien. Et puis au cas où ça ne nous plairait pas, on avait aussi une autre offre pour cueillir des cerises. Tout ça pour dire qu'on avait fait accompli nos tâches de la journée, c'est-à-dire trouver une job.
Alors on est allées à l'épicerie du village pour faire le plein de nourriture. Chose surprenante, on y vendait des pois aux wasabi, aliment que je n'avais jamais vu en-dehors du quartier chinois de Montréal. Une collation parfaite pour un si bel après-midi.
On a pris la route qui mène au pont couvert, celle-là même qui mène au terrain de camping où sont parfois organisés des raves. Juste après la sortie du pont, on a tourné à droite puis on a laissé la voiture à quelques mètres de la rivière Ashnola. Cette rivière était glacée. On ne s'y baignait que symboliquement, parce qu'il faisait si beau dans la vallée Similkameen, et qu'on y était si heureux. Autant on brûlait au soleil, autant on gelait à l'ombre, et nous alternions entre la rivière, la plage et le dessous du pont.
C'est alors que nous sont apparus deux canadiens et leur bateau de sauvetage. Ils allaient descendre la rivière, qui avait un fort débit, pour les prochaines 12 heures. Ils avaient pensé à tout: une glacière avec eau, jus et vodka; une radio d'urgence; de la nourriture; des gilets de sauvetage; des pagaies; des vêtements chauds; une bouée; des lampes de poche imperméables, et plein d'autres choses. Alors pour fêter leur départ et leur souhaiter bonne chance, on a fumé le calumet de la paix avec eux. Ils sont partis, on s'est dit qu'ils n'atteindraient jamais leur point d'arrivée avant la tombée de la nuit, pauvres fous, et on a entamé notre boîte de pois au wasabi.
La brûlure intense des pois ajoutée à celle du soleil est venue frapper de plein fouet l'engelure causée par la baignade et le joint, et nous nous sommes écroulées, abattues, terrassées. D'autres gens sont venus et ont sauté dans le courant de la rivière, armés de bouées gonflables. Nous les avons regardés sans bouger de la rive.
Le wasabi que j'ai consommé ce jour-là m'a tant brûlé que j'en ai gardé des séquelles. Depuis ce temps, ses charmes épicés me sont complètement inoffensifs.
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