lundi 28 novembre 2011

Un orgue

J’ai toujours admiré secrètement les orgues qu’on laisse au bord du chemin. Ceux-ci sont vieux et ont fait leur temps; ceux-là sont modernes mais trop encombrants. Tenez, l’autre jour, au retour d’une commission, j’en ai croisé un qui m’a arraché un sourire. Il faut dire qu’il faisait beau, et que mon cœur a une inclination naturelle envers les couleurs d’automne.

L’orgue se trouvait à même le trottoir, devant un des nombreux quadruplex qu’on trouve sur ma rue, de ce type qui pullule dans le quartier. L’instrument semblait en bonne condition, pourtant il portait un panneau indiquant «défectueux». Intriguée, je portai attention aux petits caractères lorsque je passai tout à côté. Le propriétaire de la bête s’était donné la peine d’inscrire «À donner ou poubelles – volume coincé au maximum». Un tas d’images m’envahirent l’esprit : la tête que faisaient les voisins quand on osait caresser l’orgue; le dépit du mélomane déçu qui n’ose poser ses mains sur l’objet de convoitise de peur que ce dernier ne trahisse à grands cris l’amateurisme de son disciple; enfin, l’horreur qu’inspirant ces glauques mélodies aux enfants du quartier.

Et alors que je m’éloignais de cet orgue taquin, déjà un homme descendait de son camion et s’approchait de l’instrument, débattant en lui-même l’ampleur de l’embarras que lui causerait ce jouet…

samedi 26 novembre 2011

Enamojada

Me enamojé de ti
En un lago de mayo
No te quisiste mojar conmigo
Y te quedaste por las orillas
Mirándome de pie en la playa
Recobrando el calor del sol
Cuando salí del agua, congelada
Me abrazaste; en mi volvieron
Las ganas de embriagarme de ti

En junio entraste en el lago
Para seducir a mi corazón
Con tus proezas acrobáticas
Y tu sonrisa de potranca
Pero lo que vi fue tu ternura
Ante el frío del agua
Te acostaste a mi lado
Y mientras te secaba
Me declaraste tu amor

Me enamojé de ti
Secándote la espalda

Agosto, ¡ay, qué lindo día
Para navegar en tus brazos!
Tú me lanzabas en el aire
Yo me abría paso entre el agua
Eras a la vez barracuda,
Delfín, pescador o barca
Yo cangrejo te pinchaba los pies
Nuestras risas locas sonaban
Y ligeras nuestro amor sellaban

Fuera del agua, me olvidaste
Noviembre me trajo mala suerte
Sendos pies en la tierra
Me arrancaste de ti, fastidiado
Y aunque sea para un día
Quiero acertar de nuevo
Aquel océano de tierna alegría
Y mojarme, una vez más,
En tus brazos suntuosos.

mardi 22 novembre 2011

pendant ce temps, dans le polyscope...

...on publie mon article! (ainsi que plein d'autres trucs absolument pertinents).

À lire ici.

dimanche 20 novembre 2011

ode à la blsh

Ben du monde, peu de bruit
Le dimanche c’est comme un salon funéraire
Sans les fleurs, sans les pleurs
Humble havre d’une paix factice.

Belle vue sur un mur sarcelle
La face écrasée sur le look soviétique
Si la poussière vous fait de l’effet
Habituez-vous à éternuer savamment.

Boire, c’t’un truc interdit
Le manger et ses bruits y sont bannis
Sans fumer, le cerveau commence à rusher
Haletez donc pas, sept étages c’est vite passé.

Bibliothèque, tu m’tiens prisonnière
Là yé temps que j’y aille, j’me digère
Sans avoir vu le jour, tu croiras ben
Hâlée j’étais, sarcelle j’deviens.

mercredi 9 novembre 2011

oeuvre inachevée

Dans l’hiver glacé tu m’avais prise sous ton aile et réchauffée. J’ai bâti mon nid dans le creux de ton bras. Peu à peu, je t’ai exploré. Ton dos immense est devenu mon pays; ton rire, mon hymne. J’étais la patriote qui défendait hardiment la courbe de ton cou. Certains vivent d’amour et d’eau fraîche; tu m’enivrais de ton parfum, de tes regards. Je n’ai plus eu besoin que de toi. Tu m’as rendue si heureuse.

Après ton départ, je te suis restée fidèle. Je me suis saoulée de souvenirs, je me suis grisée à même notre avenir. Ta pensée me faisait sourire. Je tenais le fort de notre amour en attendant ton retour.

Je me suis réveillée et tu étais loin, terriblement loin. Je t’ai fait confession, concession, j’ai cherché le chemin de la maison. Je n’ai plus trouvé l’homme qui m’avait accueillie, mais seulement ses restes aigris. Il était trop tard pour se faire des raisons; je t’ai fait sécession.

C’est fini, et je suis apatride; nous serons ma plus belle œuvre inachevée.

jeudi 3 novembre 2011

En ton nom

Chère Chloé,

Encore une fois, tu t’es saoulée comme une grande toute seule dans ta chambre. Je tiens à te dire que j’admire ta détermination à être sans cesse plus loser, mais ne puis me résoudre à t’encourager à continuer sur la pente dans laquelle tu sembles t’être engagée. Je te souhaite néanmoins bonne chance dans ta continuation, et que ton foie te supporte dans cette dure épreuve. Saches que ton égo marchera toujours main dans la main avec ta passion pour l’autodestruction.

Signé : Celle qui croit en toi, malgré toutes tes défaites.