samedi 18 décembre 2010

Le retour de la femme-perdrix, part 2.

Lorsqu’elle eut repris des forces, la femme-perdrix commença à comploter sa tendre vengeance. Elle se promena dans les parcs et les boisés pour recruter une armée nouveau genre. Bientôt, des centaines de perdrix marchèrent au pas. Le mot d’ordre fut lancé : envahir les demeures, les commerces, les places publiques, comme les rats l’avaient si bien fait pour propager la peste, et attaquer, griffer, picorer jusqu’à rendre fous ces humains de malheur!

Pendant ce temps, Samuel, dans sa grande générosité, s’efforçait de les nourrir toutes. Il passait ses après-midi à semer des graines dans les parcs. Il recueillait les perdrix blessées ou malades et les soignait comme il pouvait. Sa maison était devenue le quartier général des oiseaux vendettistes et les coups de balais fréquents qu'il passait ne venaient jamais à bout des plumes qui traînaient. Ses nouvelles fonctions l’enchantaient : ayant toujours manqué d’ambition, il était heureux de servir celle des autres. Il s’assurait du même coup la clémence de ses amies.

Les troupes se mirent à infester les quartiers résidentiels. Subtilement, elles remplissaient les caves et les garages, attendant l’appel au soulèvement. Puis, les perdrix les plus aguerries prirent d’assaut l’hôtel de ville, les banques et les bureaux des grandes compagnies. Même Samuel, prenant soin de porter un casque de hockey, accompagna les perdrix dans leurs démarches. Aux côtés de leur chef zombie, il ne pouvait s’empêcher d’appréhender le combat final.

Le déploiement terminé, la femme-perdrix éleva sa carcasse putréfiée au-dessus du centre-ville et lâcha son cri rituel. Les habitants, reconnaissant la marque de commerce de leur ennemie jurée, furent pris de panique. Les bousculades qui s’en suivirent en blessèrent quelques-uns, mais les c’est en trouvant refuge à l’intérieur des édifices que les citadins vécurent leurs plus grandes pertes.

Sous leurs yeux, des centaines, des milliers de perdrix qui leur avaient tendus un piège déferlèrent en une vague destructrice sur ces groupes d’humains terrifiés. Les femmes courraient en hurlant, tentant de se débarrasser des oiseaux qui s’en prenaient à leurs cheveux, leur égratignant le cuir chevelu. Les hommes essayaient de les frapper mais s’étourdissaient à force de faire nombreux volte-face.

Plus fort! Plus vite!, pensa la femme-perdrix.

Ses sbires lui obéirent. Leurs ailes battirent plus fort et plus vite, et leurs serres d’actionnèrent.

Les visages! Les cous!

La pagaille était totale. Partout on se démenait, pris dans l’étreinte d’une seule volonté meurtrière incarnée par des milliers de bêtes piailleuses.

Et maintenant… à vos becs!


à suivre…

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