mercredi 1 décembre 2010

parfois

Parfois il faut se poser pour peser ses mots.

Le recul, ça ne date pas d'hier. Déjà, les antiques croyants se recueillaient loin de la civilisation pour méditer. Leurs réflexions portaient tant sur leur religion que sur leur perception du monde. Le but était d'arriver à un équilibre, à un respect du naturel et du posé, antithèse de l'empressement.

Ces lieux de spiritualité ont évolué à travers l'âge. Bien sûr, on retrouve encore, perchés dans lointaines montagnes, des monastères, des couvents, des temples, des retraites. Mais la détente et la méditation se sont démocratisées: du week-end au spa aux sectes proposant de nouvelles formes de mysticisme, tous purent accéder à la pensée transcendantale moyennant quelques recherches, quelques dollars, ou un abandon total de l'individualité au profit de l’ego d'un gourou manipulateur.

"Je pense donc je suis", affirmait Descartes. À notre ère où la pensée pré-fabriquée et la recherche d'identité-vendue-en-kit atteignent des sommets de popularité, personne n'oserait remettre en question ces paroles centenaires. Mais ce contexte a aussi engendré des monstres: les morons. Fiers d'être stupides, il se vantent de n'avoir jamais emprunté le chemin de la réflexion autre que pour en déduire que leur personnalité est bien plus belle sans ces artifices travaillés par la pensée. Ils pensent, certes, et crient tout haut le produit brut de leur processus mentaux. Tourner sept fois la langue avant de parler? Connait pô. Réfléchir à l'impact du discours? Kossé ça?

Vous trouverez principalement ces morons dans les grandes surfaces, en train d'engueuler les caissières sur le coût de la vie, ou sur la route, coupant ostensiblement les "fifs" en vélos, ou encore sur les tribunes téléphoniques, se plaignant que tout le monde ne soit pas comme eux, forts, virils, et blancs.

Mais ne vous en faites pas: l'humanité a évolué malgré le fait que ces êtres imperméables à l'intelligence aient toujours existé. Et pendant qu'ils s'acharneront à démontrer à travers leurs sages paroles combien le monde fait dur, vous pourrez mettre en pratique cette étude millénaire des mécanismes du recul.

Aucun commentaire: