Une dame soliloque en se balançant d'avant en arrière, d'arrière en avant. Elle semble psalmodier une incantation vaudou, produisant un constant chuintement qui se répand diffusément d'entre ses lèvres. Vieille sorcière.
Cet homme, en t-shirt et culottes courtes, teste toutes les sonneries de son cellulaire, même celles qui imitent des pets. Il gigote sur son siège; l'attente l'emmerde. Il changera de place dès qu'un siège éloigné des autres se libérera.
La femme qui s'ostine avec la réceptionniste porte un foulard qui cache tous ses cheveux. Son manteau sur le bras, elle a chaud. Elle attend déjà depuis longtemps, ne l'a-t-on pas déjà appelée? Elle devra patienter encore quelques temps.
Une jeune femme sourit en lisant ses textos. Elle a déjà feuilleté son magazine; il trône maintenant sur une chaise, avec son manteau noir. Elle porte des lunettes, et ses cheveux sont artificiellement lisses.
On appelle un nom, une, deux fois. Une fillette rétorque:"Mais madame, c'est pas mon nom!" La foule bigarrée sourit, attendrie. Mais leur sympathie sera de courte durée, car bientôt, la fillette pleure et crie. Sa mère, autoritaire, la rappelle à l'ordre: si elle ne se calme pas, elle s'expose à une terrible sanction. L'appel du chocolat du calendrier de l'avent finit par avoir raison des ardeurs de l'enfant.
Un garçon d'une dizaine d'année parle en créole avec son père. Il a des broches. Il est joufflu et enthousiaste. En face de lui se trouve une trentenaire au regard perçant. L'accompagne son mari, qui nonchalamment lit son journal. Sa peau noire est brillante, il est en habit de travail.
L’aïeule qui entre se précipite sur le distributeur de gel anti-bactérien. Pauvre folle. Ça ne l'a jamais empêché de tomber malade; pourquoi pense-t-elle que cette fois ce sera différent? Elle va s'asseoir en face de l'écran qui présente les romans-savons, pas celui qui parle de dentiers.
La nuit tombe. On m'appelle enfin, et je quitte cette assemblée dépareillée.
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