lundi 27 décembre 2010

Spécimen #1: la chenillette de trottoir


J’suis p’tit pis j’roule vite en criss. Tassez-vous de d’là, j’arrive! On me craint moins pour ma stature que pour ma conduite dangereuse, mon imprudence et ma témérité. Lorsque vous sortez de vos douillettes demeures, le café à la main, encore endormis, je fonce sur vous et klaxonne au dernier moment. À vouloir m’esquiver, vous salissez vos bottes dans le banc de neige brune. Je ricane derrière ma pelle et m’enfuis vite de la scène de crime. Que voulez-vous, déblayer les trottoirs, c’est vraiment urgent!

Je suis la terreur des enfants qui jouent, des personnes âgées qui boitent, des humbles ménagers chargés de sacs d’épicerie. Sans répit, je sillonne la ville, toujours plus rapidement, toujours plus sauvagement. Je suis un solitaire qui abat la besogne comme un forcené. La propreté des trottoirs est ma fierté; l’effroi que je cause, ma gloire. L’hiver est mon royaume, la neige, ma croisade, et les piétons, mes sujets dociles. Mes ennemis jurés : les voitures mal stationnées qui empiètent sur ma route, et ces horripilants bacs de recyclage. Pas compliqué, quand j’en vois un, je l’éventre sans aucune forme de procès!

Mais la nuit, je me réveille souvent en sursaut. Je fais des cauchemars. À la haine de la population se rajoute les railleries de mes collègues camions. « Camion nain! », me lance la niveleuse. « T’es un poids plume comparé à nous… » Et la souffleuse d’en rajouter : « Tout c’que tu fais, c’est pousser de chaque bord la neige qui dépasse. Regarde-nous : la neige, on l’enlève! » La pensée que je ne pourrai jamais partager ce sentiment d’équipe me plombe le moral. Idéaliste, je songe en des temps improbables où les chenillettes comme moi auraient un partenaire pour partager les hauts et les bas du métier, l’incongruité des obstacles du parcours, ou simplement quelques coups de klaxon complices. La seule à qui j’aie confié ma peine, c’est la grosse benne, la big mama du groupe. « Pauvre ‘ti pit! », qu’elle m’a dit. « Il faudrait que tu apprennes à apprécier ce que tu as. ». Tu parles d’un conseil!

Confronté à la réalité, mon fiel se transforme en amertume, je me rembrunis et reporte ma colère sur les passants. Ne voient-ils pas les sacrifices que je fais pour les sauver des efforts et des dangers de la marche hivernale? Je gonfle mon orgueil et me remet au boulot : les camions de déneigements, ça a pas de sentiments, juste une poussière dans l’œil.

mardi 21 décembre 2010

Le retour de la femme-perdrix, part 3

Le carnage continuait de plus belle. On comptait un grand nombre de blessés dans les deux camps, mais les perdrix, acharnées, s’entêtaient à donner des coups de bec à tout va, même clouées au sol. Les élus, enfermés dans leurs bureaux, s’arrachaient les cheveux en pensant aux votes qu’ils n’obtiendraient pas aux prochaines élections s’ils ne trouvaient pas rapidement une solution.

La situation dégénérait à vue d’œil. Les perdrix avaient maintenant pris le contrôle de l’aéroport et empêchaient les gens de fuir. On les voyait aux commandes des autobus, tentant de faucher des piétons, ou bien pillant les restaurants sous les yeux des clients pris en otages. La femme-perdrix s’était approprié les chaînes de radio et de télévision. On pouvait entendre son croassement d’outre-tombe partout, dans tous les magasins d’électronique, sur toutes les radios d’automobiles.

Les options ne pleuvaient pas pour la population : tenter de fuir à pied aussi loin qu’il le faudrait, ou se rendre et devenir leurs esclaves. Le silence des dirigeants augurait le pire et ils commencèrent à songer à se rallier à la deuxième alternative.

C’est alors que le maire eût une idée : il appela sa femme, bénévole au chenil de la ville, et lui intima l’ordre de libérer tous les chats, et tant qu’à y être, les chiens aussi. Aussitôt, on sentit un mouvement de recul chez les troupes ailées. La voracité des félins n’avait d’égal que la volonté des oiseaux, et le combat fut ardu. Les chiens, ne comprenant pas l’enjeu, s’amusèrent à courir indistinctement après tout le monde.

Mais les perdrix étaient déjà fatiguées et avaient besoin de reprendre leurs forces. Les chats, cependant, ne leur laissèrent pas un instant de répit, tant et si bien qu’elles durent battre en retraite jusqu’à la sortie de la ville et se cacher dans le boisé adjacent. La femme-perdrix avait beau les rappeler, fouetter leur ardeur de paroles guerrières, tenter de les intimider, rien n’y fit. Les habitants profitèrent de ce repli pour se venger à leur tour et mirent le feu à la forêt, malgré les protestations des quelques écologiste et de Samuel. On senti une grande chaleur et une odeur de volaille braisée; des milliers d’âmes de perdrix s’élevèrent vers les cieux et allèrent rejoindre la femme-perdrix qui surplombait toujours les évènements. Elle poussa un cri terrible, remettant à nouveau la vengeance à plus tard, et disparut dans un éclair avec ses congénères.

Les citadins eurent besoin de plusieurs jours pour nettoyer les fientes et les plumes qui ornaient alors chaque recoin de la ville. Mais sitôt le ménage fait, ils n’y songèrent plus, et les rues reprirent leur apparence tranquille, exception faite des centaines de chats errants qui s’y promenaient négligemment…

samedi 18 décembre 2010

Le retour de la femme-perdrix, part 2.

Lorsqu’elle eut repris des forces, la femme-perdrix commença à comploter sa tendre vengeance. Elle se promena dans les parcs et les boisés pour recruter une armée nouveau genre. Bientôt, des centaines de perdrix marchèrent au pas. Le mot d’ordre fut lancé : envahir les demeures, les commerces, les places publiques, comme les rats l’avaient si bien fait pour propager la peste, et attaquer, griffer, picorer jusqu’à rendre fous ces humains de malheur!

Pendant ce temps, Samuel, dans sa grande générosité, s’efforçait de les nourrir toutes. Il passait ses après-midi à semer des graines dans les parcs. Il recueillait les perdrix blessées ou malades et les soignait comme il pouvait. Sa maison était devenue le quartier général des oiseaux vendettistes et les coups de balais fréquents qu'il passait ne venaient jamais à bout des plumes qui traînaient. Ses nouvelles fonctions l’enchantaient : ayant toujours manqué d’ambition, il était heureux de servir celle des autres. Il s’assurait du même coup la clémence de ses amies.

Les troupes se mirent à infester les quartiers résidentiels. Subtilement, elles remplissaient les caves et les garages, attendant l’appel au soulèvement. Puis, les perdrix les plus aguerries prirent d’assaut l’hôtel de ville, les banques et les bureaux des grandes compagnies. Même Samuel, prenant soin de porter un casque de hockey, accompagna les perdrix dans leurs démarches. Aux côtés de leur chef zombie, il ne pouvait s’empêcher d’appréhender le combat final.

Le déploiement terminé, la femme-perdrix éleva sa carcasse putréfiée au-dessus du centre-ville et lâcha son cri rituel. Les habitants, reconnaissant la marque de commerce de leur ennemie jurée, furent pris de panique. Les bousculades qui s’en suivirent en blessèrent quelques-uns, mais les c’est en trouvant refuge à l’intérieur des édifices que les citadins vécurent leurs plus grandes pertes.

Sous leurs yeux, des centaines, des milliers de perdrix qui leur avaient tendus un piège déferlèrent en une vague destructrice sur ces groupes d’humains terrifiés. Les femmes courraient en hurlant, tentant de se débarrasser des oiseaux qui s’en prenaient à leurs cheveux, leur égratignant le cuir chevelu. Les hommes essayaient de les frapper mais s’étourdissaient à force de faire nombreux volte-face.

Plus fort! Plus vite!, pensa la femme-perdrix.

Ses sbires lui obéirent. Leurs ailes battirent plus fort et plus vite, et leurs serres d’actionnèrent.

Les visages! Les cous!

La pagaille était totale. Partout on se démenait, pris dans l’étreinte d’une seule volonté meurtrière incarnée par des milliers de bêtes piailleuses.

Et maintenant… à vos becs!


à suivre…

jeudi 16 décembre 2010

Le retour de la femme-perdrix

Samuel se réveilla en sursaut, alerté par un bruit étrange. Il descendit à la cave et ouvrit la lumière. Le soupirail avait été ouvert: il balançait encore faiblement. En continuant ses recherches, il se retrouva en face d'un petit paquet de tissu, recroquevillé dans un coin, à côté de la laveuse. L'entité tremblait. On pouvait entendre de petits gémissements, semblables à des piaillements, s'échapper de la masse informe. Ou était-ce des pleurs? Il n'aurait su dire. Il s'approcha, murmurant des paroles qui se voulaient apaisantes pour la chose, mais qui en fait le rassuraient personnellement.

Lorsqu'il ne fut plus qu'à un mètre, elle commença à se retourner, tranquillement, doucement. Ce que Samuel vit dans ses yeux lui glaça le sang. Il voulut courir, mais en fut incapable. C'est alors qu'il remarqua qu'elle lui implorait son aide. Son coeur s'attendrit. Malgré son dégoût, il la prit dans ses bras et l'installa dans le panier de son chien. Elle s'endormit...

Très vite, il remarqua que sa nouvelle compagne n'était pas normale. Elle se nourrissait de compost fermenté; le peu de peau qui dépassait de ses vêtements était grise et pleine de petits trous, comme une peau de poulet. Il retrouvait des plumes noires avec du vert-de-gris dans sa salle de bain. Une semaine entière s'était écoulée lorsqu'il aborda finalement la question:

-Qu'es-tu? lui demanda-t-il.

Elle poussa un petit cri, et la réponse apparut dans son esprit, comme par magie.

Je suis la femme-perdrix.

-Tu es télépathe?

Oui.

-Que t'est-il arrivé?

Je suis morte il y a quelques mois. Je me suis réveillée pour prendre ma revanche sur le monde des hommes.

-Ah... Comptes-tu rester pour souper?

Bien sûr. Fais chauffer le compost, s'il te plaît.


à suivre...

dimanche 12 décembre 2010

la fois où on a fait descendre une van de la montagne à reculons à la tombée de la nuit

Même s'il n'y avait pas d'électricité, les deux mecs ont tenu à amener le frigidaire qu'ils avaient trouvé en haut de la French Hill. Ils avaient une vieille Dodge Caravan ou quelque chose dans le genre, et elle était bourgogne. Elle ne rouillait pas; la carrosserie était en plastique.

Là où ça a commencé à mal aller, c'est quand ils ont voulu redescendre de la montagne. La batterie était à plat, le char ne démarrait plus. Et comme il n'y avait pas vraiment de chemin sur la montagne, et que personne ne voulait démolir sa voiture en essayant d'aller leur porter secours, il a fallu redescendre la van de la montagne à bras.

J'eus beau tenter de les convaincre, rien n'y fit: ils voulaient que je sois celle qui conduise, pendant qu'ils poussaient. C'est vrai, mes bras étaient bien inutiles quand venait le temps de forcer, mais tout de même, il faisait presque nuit et je ne voyais rien, et quand bien même qu'on m'eut crié gauche ou droite, moi ces deux-là je les avais toujours mélangés.

Je me suis assise derrière le volant, persuadée que j'allais frapper une roche, ou un arbuste, ou une racine, ou un nid-de-poule, ou encore une tente qui se trouvait juste à la sortie d'une courbe et dont le propriétaire refusait de se rendre à l'évidence qu'il serait plus sage de la déplacer. Les cahots de la route étaient effrayants et plus d'une fois j'ai pensé que la voiture allait renverser. Je freinais systématiquement dès que j'atteignais le 5 km/h, au grand désespoir de ceux qui tentaient de me livrer à la force de gravité. Miraculeusement, je n'ai que frôlé la tente. Mes talents n'étant plus requis pour la dernière ligne droite, on m'a finalement remplacée.

Aux dernières nouvelles, ils n'avaient toujours pas remonté la colline pour aller chercher leur frigidaire.

jeudi 9 décembre 2010

comment transformer vos enfants en gâteaux des fêtes

Le temps des fêtes approche et vous ne savez pas quoi faire pour rendre vos enfants attrayants aux yeux de votre parenté. Voici une recette qui transformera vos héritiers en adorables simulacres de pâtisseries!

Ingrédients:
  • vos enfants
  • 300$
  • du tape
  • de la crème fouettée
  • du cacao en poudre
Tout d'abord, vous emmenez vos enfants dans un magasin style famille-italienne chic, par exemple chez Ricci. Ensuite, vous dépensez vraiment beaucoup trop d'argent pour d'affreuses robes et des mini-complets Diesel. Assurez-vous que les vêtements que vous choisirez comporteront de belles grosses boucles de ruban, de la dentelle et du velours. Dotez-les aussi d'un chapeau digne d'Elizabeth II ou d'une de ses brus.

Allez à la caisse sans passer GO et payez 300$.

De retour à la maison, accentuez les fioritures et autres extravagances des hideux vêtements avec la crème fouettée. Pour de meilleurs résultats, utilisez celle en aérosol. N'hésitez pas à garnir généreusement leurs chapeaux, à la manière d'un cupcake de fantaisie.

Dans l'hypothèse où il viendrait à l'idée de votre charmante progéniture de se débattre, attachez-la sur une chaise avec quelques mètres de tape.

Saupoudrez vos enfants de cacao, au goût.

Et voilà, ils sont prêts à servir à vos invités! Regardez la joie dans les yeux de vos vieilles tantes séniles qui pourront enfin profiter d'un apport calorique supplémentaire chaque fois qu'elles feront la bise à vos descendants. Vous savez, elles sont si mal nourries dans les CHSLD!

mercredi 8 décembre 2010

surfons la vague techno...

...avec une photo! Vraiment, les mots, c'est dépassé. Ça n'a pas assez d'impact. Et puis il faut décoder, voire chercher dans le dictionnaire. Mettre tout ça ensemble. Avoir des notions de grammaire et de syntaxe, pffff! Wo menute. Vraiment, pour communiquer un message, il faut qu'il ait de l'impact. Sinon, ça rentre pas dans la tête des gens.

Alors pour vous ce soir, dans votre face, dans votre gueule, dans votre entrée de garage: la neige.


En effet, ce qui devait arriver arriva: il neigea. Je sais, tout le monde en a déjà parlé, après tout, ça fait quand même 24h que c'est dans l'actualité et sur tous les tabloïds, vraiment, la neige, c'est dépassé. Mais moi, la neige, ça me fait penser à Noël! Et aux cadeaux. Et au manger. Surtout au manger.

Bref, tout ça pour dire que je vous souhaite plein de transport en commun, de mitaines chaudes, de foulards et tuques, de soupes brûlantes et de crazy/wacky carpet en ce premier jour de l'hiver officiellement décrété par moi!

lundi 6 décembre 2010

un peu de paresse...

C'est la fin de session. Et oui les enfants, même vos idoles ont des obligations qui les empêchent de toujours faire des choses cool, comme dormir la fin de semaine, écrire des messages de blog, ou cuisiner une gastronomie qui ne s'apparente pas à une sandwich aux oeufs.

Néanmoins, je tiens à partager cette chanson qui m'est si chère. Non, ne vous faites pas d'illusion: ce n'est pas votre silence qui m'inspire de tels élans de nostalgie, mais plutôt le fait que mon amour m'ait quittée de nouveau pour ces lointaines contrées barbares...

vendredi 3 décembre 2010

portraits

Une dame soliloque en se balançant d'avant en arrière, d'arrière en avant. Elle semble psalmodier une incantation vaudou, produisant un constant chuintement qui se répand diffusément d'entre ses lèvres. Vieille sorcière.

Cet homme, en t-shirt et culottes courtes, teste toutes les sonneries de son cellulaire, même celles qui imitent des pets. Il gigote sur son siège; l'attente l'emmerde. Il changera de place dès qu'un siège éloigné des autres se libérera.

La femme qui s'ostine avec la réceptionniste porte un foulard qui cache tous ses cheveux. Son manteau sur le bras, elle a chaud. Elle attend déjà depuis longtemps, ne l'a-t-on pas déjà appelée? Elle devra patienter encore quelques temps.

Une jeune femme sourit en lisant ses textos. Elle a déjà feuilleté son magazine; il trône maintenant sur une chaise, avec son manteau noir. Elle porte des lunettes, et ses cheveux sont artificiellement lisses.

On appelle un nom, une, deux fois. Une fillette rétorque:"Mais madame, c'est pas mon nom!" La foule bigarrée sourit, attendrie. Mais leur sympathie sera de courte durée, car bientôt, la fillette pleure et crie. Sa mère, autoritaire, la rappelle à l'ordre: si elle ne se calme pas, elle s'expose à une terrible sanction. L'appel du chocolat du calendrier de l'avent finit par avoir raison des ardeurs de l'enfant.

Un garçon d'une dizaine d'année parle en créole avec son père. Il a des broches. Il est joufflu et enthousiaste. En face de lui se trouve une trentenaire au regard perçant. L'accompagne son mari, qui nonchalamment lit son journal. Sa peau noire est brillante, il est en habit de travail.

L’aïeule qui entre se précipite sur le distributeur de gel anti-bactérien. Pauvre folle. Ça ne l'a jamais empêché de tomber malade; pourquoi pense-t-elle que cette fois ce sera différent? Elle va s'asseoir en face de l'écran qui présente les romans-savons, pas celui qui parle de dentiers.

La nuit tombe. On m'appelle enfin, et je quitte cette assemblée dépareillée.

mercredi 1 décembre 2010

parfois

Parfois il faut se poser pour peser ses mots.

Le recul, ça ne date pas d'hier. Déjà, les antiques croyants se recueillaient loin de la civilisation pour méditer. Leurs réflexions portaient tant sur leur religion que sur leur perception du monde. Le but était d'arriver à un équilibre, à un respect du naturel et du posé, antithèse de l'empressement.

Ces lieux de spiritualité ont évolué à travers l'âge. Bien sûr, on retrouve encore, perchés dans lointaines montagnes, des monastères, des couvents, des temples, des retraites. Mais la détente et la méditation se sont démocratisées: du week-end au spa aux sectes proposant de nouvelles formes de mysticisme, tous purent accéder à la pensée transcendantale moyennant quelques recherches, quelques dollars, ou un abandon total de l'individualité au profit de l’ego d'un gourou manipulateur.

"Je pense donc je suis", affirmait Descartes. À notre ère où la pensée pré-fabriquée et la recherche d'identité-vendue-en-kit atteignent des sommets de popularité, personne n'oserait remettre en question ces paroles centenaires. Mais ce contexte a aussi engendré des monstres: les morons. Fiers d'être stupides, il se vantent de n'avoir jamais emprunté le chemin de la réflexion autre que pour en déduire que leur personnalité est bien plus belle sans ces artifices travaillés par la pensée. Ils pensent, certes, et crient tout haut le produit brut de leur processus mentaux. Tourner sept fois la langue avant de parler? Connait pô. Réfléchir à l'impact du discours? Kossé ça?

Vous trouverez principalement ces morons dans les grandes surfaces, en train d'engueuler les caissières sur le coût de la vie, ou sur la route, coupant ostensiblement les "fifs" en vélos, ou encore sur les tribunes téléphoniques, se plaignant que tout le monde ne soit pas comme eux, forts, virils, et blancs.

Mais ne vous en faites pas: l'humanité a évolué malgré le fait que ces êtres imperméables à l'intelligence aient toujours existé. Et pendant qu'ils s'acharneront à démontrer à travers leurs sages paroles combien le monde fait dur, vous pourrez mettre en pratique cette étude millénaire des mécanismes du recul.