mercredi 7 décembre 2011

Donne-moi des mots


Donne-moi des mots
Des mots sourds, des mots aveugles,
Des mots massue, des mots d’abus,
Des mots déçus,
Crie-les-moi si tu le veux,
Lance-les-moi par la tête
Quitte à m’atteindre comme il faut
Mais ton silence
J’en peux pu

Donne-moi des mots
Des mots moelleux, de menus mots,
Des mots d’âme, des mots denses,
Des mots d’amour,
Chuchote-les en secret,
Glisse-les-moi dans l’oreille
Quitte à chavirer encore
Mais ton silence
J’en peux pu

Donne-moi des mots
Des mots salauds, des mots finaux,
Des mots distants, des mots croches,
Des mots ordures,
Jette-les en tas à la rue,
Fais-moi-les voir de plus belle
Quitte à déborder du vase
Mais ton silence

Pour D.


lundi 28 novembre 2011

Un orgue

J’ai toujours admiré secrètement les orgues qu’on laisse au bord du chemin. Ceux-ci sont vieux et ont fait leur temps; ceux-là sont modernes mais trop encombrants. Tenez, l’autre jour, au retour d’une commission, j’en ai croisé un qui m’a arraché un sourire. Il faut dire qu’il faisait beau, et que mon cœur a une inclination naturelle envers les couleurs d’automne.

L’orgue se trouvait à même le trottoir, devant un des nombreux quadruplex qu’on trouve sur ma rue, de ce type qui pullule dans le quartier. L’instrument semblait en bonne condition, pourtant il portait un panneau indiquant «défectueux». Intriguée, je portai attention aux petits caractères lorsque je passai tout à côté. Le propriétaire de la bête s’était donné la peine d’inscrire «À donner ou poubelles – volume coincé au maximum». Un tas d’images m’envahirent l’esprit : la tête que faisaient les voisins quand on osait caresser l’orgue; le dépit du mélomane déçu qui n’ose poser ses mains sur l’objet de convoitise de peur que ce dernier ne trahisse à grands cris l’amateurisme de son disciple; enfin, l’horreur qu’inspirant ces glauques mélodies aux enfants du quartier.

Et alors que je m’éloignais de cet orgue taquin, déjà un homme descendait de son camion et s’approchait de l’instrument, débattant en lui-même l’ampleur de l’embarras que lui causerait ce jouet…

samedi 26 novembre 2011

Enamojada

Me enamojé de ti
En un lago de mayo
No te quisiste mojar conmigo
Y te quedaste por las orillas
Mirándome de pie en la playa
Recobrando el calor del sol
Cuando salí del agua, congelada
Me abrazaste; en mi volvieron
Las ganas de embriagarme de ti

En junio entraste en el lago
Para seducir a mi corazón
Con tus proezas acrobáticas
Y tu sonrisa de potranca
Pero lo que vi fue tu ternura
Ante el frío del agua
Te acostaste a mi lado
Y mientras te secaba
Me declaraste tu amor

Me enamojé de ti
Secándote la espalda

Agosto, ¡ay, qué lindo día
Para navegar en tus brazos!
Tú me lanzabas en el aire
Yo me abría paso entre el agua
Eras a la vez barracuda,
Delfín, pescador o barca
Yo cangrejo te pinchaba los pies
Nuestras risas locas sonaban
Y ligeras nuestro amor sellaban

Fuera del agua, me olvidaste
Noviembre me trajo mala suerte
Sendos pies en la tierra
Me arrancaste de ti, fastidiado
Y aunque sea para un día
Quiero acertar de nuevo
Aquel océano de tierna alegría
Y mojarme, una vez más,
En tus brazos suntuosos.

mardi 22 novembre 2011

pendant ce temps, dans le polyscope...

...on publie mon article! (ainsi que plein d'autres trucs absolument pertinents).

À lire ici.

dimanche 20 novembre 2011

ode à la blsh

Ben du monde, peu de bruit
Le dimanche c’est comme un salon funéraire
Sans les fleurs, sans les pleurs
Humble havre d’une paix factice.

Belle vue sur un mur sarcelle
La face écrasée sur le look soviétique
Si la poussière vous fait de l’effet
Habituez-vous à éternuer savamment.

Boire, c’t’un truc interdit
Le manger et ses bruits y sont bannis
Sans fumer, le cerveau commence à rusher
Haletez donc pas, sept étages c’est vite passé.

Bibliothèque, tu m’tiens prisonnière
Là yé temps que j’y aille, j’me digère
Sans avoir vu le jour, tu croiras ben
Hâlée j’étais, sarcelle j’deviens.

mercredi 9 novembre 2011

oeuvre inachevée

Dans l’hiver glacé tu m’avais prise sous ton aile et réchauffée. J’ai bâti mon nid dans le creux de ton bras. Peu à peu, je t’ai exploré. Ton dos immense est devenu mon pays; ton rire, mon hymne. J’étais la patriote qui défendait hardiment la courbe de ton cou. Certains vivent d’amour et d’eau fraîche; tu m’enivrais de ton parfum, de tes regards. Je n’ai plus eu besoin que de toi. Tu m’as rendue si heureuse.

Après ton départ, je te suis restée fidèle. Je me suis saoulée de souvenirs, je me suis grisée à même notre avenir. Ta pensée me faisait sourire. Je tenais le fort de notre amour en attendant ton retour.

Je me suis réveillée et tu étais loin, terriblement loin. Je t’ai fait confession, concession, j’ai cherché le chemin de la maison. Je n’ai plus trouvé l’homme qui m’avait accueillie, mais seulement ses restes aigris. Il était trop tard pour se faire des raisons; je t’ai fait sécession.

C’est fini, et je suis apatride; nous serons ma plus belle œuvre inachevée.

jeudi 3 novembre 2011

En ton nom

Chère Chloé,

Encore une fois, tu t’es saoulée comme une grande toute seule dans ta chambre. Je tiens à te dire que j’admire ta détermination à être sans cesse plus loser, mais ne puis me résoudre à t’encourager à continuer sur la pente dans laquelle tu sembles t’être engagée. Je te souhaite néanmoins bonne chance dans ta continuation, et que ton foie te supporte dans cette dure épreuve. Saches que ton égo marchera toujours main dans la main avec ta passion pour l’autodestruction.

Signé : Celle qui croit en toi, malgré toutes tes défaites.

dimanche 4 septembre 2011

La feuille blanche qui tue


Il est cinq heures. La feuille est à peine gribouillée. Mais bordel qu’est-ce que j’attends, qu’elle se remplisse d’elle-même, et qu’ensuite on me balance le Nobel de la littérature, comme ça, sans efforts? Merde je mets plus d’enthousiasme à me faire les ongles d’orteil qu’à essayer de trouver ne serait-ce que le commencement d’une idée. Pourtant, c’est pas comme si j’en connaissais pas, des mots. J’en ai tout plein dans la tête, suffit que je ferme les yeux pour que des phrases m’envahissent, tourbillonnent dans les oreilles, et si j’ai le malheur de les écouter, j’suis prise de nausée tellement ils m’étourdissent.

Mais des idées, ça c’est plus difficile. Je connais des histoires incroyables, j’ai vu des lieux magnifiques, assisté à des moments uniques, mais les raconter? Pas capable. Il faut que j’arrête de penser, que ne fasse rien d’autre que me vider sur la feuille, comme un verre qu’on renverse brusquement, sploush. Un gros verre, même. Ouais, un gros verre vide tu veux dire. Si seulement je pouvais purger tous ces mots qui me grugent.

Tous les jours, des détails attirent mon attention. Comment les mettre en scène de façon cohérente, pour transmettre avec exactitude ce sentiment qu’ils m’ont inspiré? Tiens, par exemple, l’autre jour, au sortir du métro à la station Mont-Royal, je vois une fille asiatique qui s’élance pour entrer vite vite avant que les portes ne se ferment. Pas de chance, elle manque son coup, et de dépit, elle saute sur place, juste un peu, à la manière d’une gamine en crise. Ses amis, qui la talonnaient, rient un peu d’elle, et elle rit aussi. Voir des gens rire je trouve ça si beau.

Tous ces sourires, toutes ces faces bêtes, tous ces faux-pas que les gens font en espérant passer inaperçu, je les remarque, je les enregistre, c’est comme si j’étais attirée par eux. Je me sens comme un colibri, un imbécile de colibri attiré par les petites couleurs de la vie.

Souvent je me demande si les autres pensent comme moi, aux mêmes trucs que moi, s’il leur arrive de surprendre de ces moments fugaces, s’il leur arrive d’en rire à l’intérieur. Avant, j’aurais cru que oui, que ce que je vois, tout le monde peut le voir. Maintenant je n’en suis plus si sûre. On nait tous avec des dispositions différentes, et par naître, je ne veux pas nécessairement dire le passage du jour 0 au jour 1 de la vie, mais plutôt l’acquisition des aptitudes qui font de l’humain un être social. (Parenthèse : SVP pas de débat innéisme VS constructivisme ici, ok? c’est pas ça le but).  Mais il faut admettre que tout n’est pas fait pour tout le monde, non seulement en termes de talent, mais aussi en termes d’intérêt. Dans une société où tout le monde veut pouvoir tout faire tout le temps, ça m’a pris longtemps avant de me rendre compte que ce n’était ni possible, ni souhaitable.

Mais bon, je reste curieuse d’entendre vos anecdotes-instantanés, même si pas bien contés, même si pas si drôles que ça, et je reste ouverte à vos suggestions de sujets, parce que là, maintenant, vraiment, y’a rien qui me vient.

mardi 12 juillet 2011

ton départ

Des cartons, des cartons partout. Dans celui-ci, des livres, et celui-là, des objets divers, artefacts du quotidien ou souvenirs des voyages lointains. Derrière, un grand sac poubelle plein de vêtements. L’ordinateur de bureau sied dans un coin, débranché, inutilisable. La valise est ouverte au milieu du lit, et autour s’amassent les draps défaits pour la dernière fois. Bientôt, les t-shirts sont pliés et enfouis dans le grand bagage. Deux pantalons roulés sont lovés entre la serviette de douche et le manteau de pluie. Les bas font chambre à part, pendant que l’unique paire de boxer multicolore vient égayer ces mornes apparats.

Tu t’en vas.

La chambre sera vidée, et quelqu’un d’autre viendra s’y installer. Ce ne sera plus ta chambre, elle ne renfermera plus ton sommeil, ne verra plus tes réveils, ne récoltera plus tes rêves. Ton odeur s’estompera, la décoration sera refaite, peut-être même seront bougés les meubles. Au lieu de tes lourdes espadrilles, de minces sandales séjourneront désormais dans le vestibule. L’arôme de ta cuisine et les notes de ta musique cesseront d’imprégner l’atmosphère pour longtemps.

Tu t’en vas.

Hier encore, ton vélo se tenait sagement barré à la rampe du balcon. Hier encore, tu arpentais les rues sur ton noble destrier, à la course ou au pas, en mission ou faisant tes commissions. Mais le chemin cette fois est différent. Les valises sont prêtes, et tu pars au loin. Les boîtes peu à peu disparaissent du chemin; le capharnaüm laisse place au vide, l’effervescence, à la sérénité. Tu veilles à ne rien laisser derrière, pour que ni les regrets, ni les blessures n’assombrissent ton nouvel horizon. Les terres promises ont à tes oreilles des noms exotiques qui évoquent de doux paysages de montagnes, de champs colorés, de ciels immenses, et perdu dans tes pensées, un sourire se glisse sur tes lèvres.

Tu t’en vas, mais tu ne seras pas celui qui reviendra. La valise se manie agilement sous l’enthousiasme de ta prise. Un dernier regard à la chambre, une dernière tentative de mettre le doigt sur ce que tu as oublié, puis tu franchis les quelques pas qui te séparent de la porte. Cette distance, c’est le présage d’une année d’odyssées. Le seuil est franchi. Le regard que tu poses sur la ville qui jusqu’alors était tienne change déjà. La rue que tu parcours tous les jours, la ligne de métro que tu connais par cœur, la foule bigarrée si chère à ton quartier, tout te semble d’une vivacité inhabituelle, tout te laisse une profonde impression de solennité. De ce monde qui t’a vu grandir, tu réalises qu’il reste tant à découvrir, et l’idée que ta quête est infinie t’enivre un peu plus.

Enfin l’aéroport s’offre à ta vue, première des étapes qui se succéderont trop vite. Ton bagage à la main, tu sembles être un voyageur parmi tant d’autres, presque anonyme. Mais cette soif qui te consume et te pousse à chercher jusqu’au bout du monde la suite de l’histoire, cette soif tu la partages avec tous ceux qui, comme toi, quittent leurs origines et espèrent trouver au loin autant qu’ils auront semés en chemin. Dans ta tête, le verdict est tombé : la route à perpétuité, tu es condamné à partir et à tout dévorer.

Tu t’en vas, mais tu reviendras, un peu plus grand, un peu plus beau, un peu plus sage.

jeudi 16 juin 2011

tout le monde parle toujours tout seul dans la salle du photocopieur

-Bon! c’est encore raté.


-Encore une copie tout croche! Manquait juste ça! Comme si j'avais pas ça, moi, des deadline...

-Ah… ah c’est dans ce sens-là que ça va…

-Brocheuse, brocheuse…? Brocheuse…!

-Coudonc, y’a jamais personne qui remplit le papier? Pis regarde-moi ça toutes les feuilles qui traînent, franchement!

Ces mots vous semblent familiers? Peut-être les avez-vous déjà entendu des dizaines de fois, presque par mégarde, en allant recueillir vos fraîches impressions. Peut-être les avez-vous même déjà proférées vous-même?

Tels des couteaux, les insultes volent bas lorsqu’il s’agit du photocopieur. Jamais les copies ne sortent assez vite, ou bien brochées, ou encore l’écran malveillant vous indique un millième « paper jam ». Vous devez alors choisir entre partir à la recherche de l’employée attitrée aux problèmes techniques ou tenter votre chance à plonger vos mains au cœur de la bête. Alors, impatient, vous abreuvez votre adversaire d'invectives qui sont aussi acerbes que vaines et qui au final ne font que nourrir votre suspicion envers l'électronique.

Mais d’ailleurs, qu’est-ce qui pousse tout utilisateur de ladite machine à exprimer ses doléances à haute voix? Serait-ce par besoin de réconfort face à la monstrueuse déshumanisation du travail de bureau? Ou plutôt exprime-t-on notre peur secrète d’être mal compris par nos collègues et jugé comme un vulgaire incompétent? Après tout, si n’importe quel individu issu de la génération 80 peut faire fonctionner ce truc, pourquoi pas un bon vieux fonctionnaire d’expérience? … susurrez-vous entre vos dents lorsque du premier coup le nouveau de la comptabilité, fraîchement sorti du cégep, réussit une photocopie recto-verso brochée en cahier avec en prime une réduction de quatre-vingt-cinq pour cent. Quatre-vingt-cinq pour cent!

De dépit, vous vous rabattez sur la machine à café. Celle-là, au moins, vous la connaissez de fond en comble. Combien d’heures gaspillées à faire croire à votre boss que vous cherchez un dossier aux archives, alors qu’en fait vous échangez avec Raymond des ressources humaines sur les scores de hockey en sirotant un capuccino à la vanille!

…Mais… C’est qu’ils l’ont changée, cette machine! C’est où qu’on met le 2$, maintenant? À moins que… Ben voyons, c’est quel piton, le capuccino? Pis c’est quoi ça, un chai latte?...


jeudi 26 mai 2011

Une marche

Il inspira profondément et prit son élan. Une jambe fut lancée à travers l’espace : atterrissage parfait. L’autre suivit aussitôt. Prenant de l’assurance, il recommença. Bientôt ce ne fut plus qu’une routine. Les pas qu’il égrenait le long du trottoir produisaient un son mat qui ne se répercutait pas, espace ouvert oblige. Enfin la monotonie de la marche eut raison de son attention; son esprit dériva, sa vigilance remonta de ses pieds, couru dans ses jambes, traversa son torse et vint se fixer dans ses yeux.

C’est alors qu’il se mit à voir le monde qui l’entourait. D’abord, il vit la rue, tranquille mais aussi vide, probablement victime du temps gris et humide. De temps en temps y passait une voiture; presque toujours, elle roulait trop vite. Son regard se faufila à travers les plates-bandes des voisins. Certaines étaient négligées, d’autres fleuries, ou encore clairsemées de déchets, ces laissés-pour-compte de la fonte des neiges. Un vélo rouillé encore arrimé à une clôture côtoyait un bac de recyclage oublié. Quelques pas plus loin, les branches d’une haie s’avancèrent vers lui, cherchant un peu de réconfort dans les mailles de son gilet.

Ses yeux, confortés dans leur curiosité, se mirent à écumer les fenêtres pour en extraire des émotions fortes. Surpris par une nouvelle sensation, il se fit désarçonner à la première tentative par un chat enjôleur. Il se pencha pour lui asséner une caresse, puis reprit sa quête. Un téléviseur allumé attira son attention. L’écran, bien qu’indéchiffrable, lui renvoyait des couleurs chatoyantes qui le firent sourire. Une autre fenêtre donnait sur une cuisine, où une famille s’apprêtait à entamer le repas du soir. Enfin, captivé par un couple de personnes âgées en proie à une discussion désinvolte, il s’aperçut un peu tard qu’une ménagère le fixait depuis son balcon, au troisième étage. Il détourna la tête, gêné de s’être fait surprendre dans ses intrusions visuelles.

Montant le volume de sa musique, il accéléra le pas et se rappela soudain de l’effort que fournissaient ses jambes pour le mouvoir. Reconnaissant envers leur dévotion, il permit à son pied gauche de rosser un gros caillou immobile. Il leva la tête; déjà, il avait atteint le coin de la rue. Il tourna vers la gauche et s’immobilisa près de l’arrêt d’autobus. Il croisa un passant qui promenait son chien, à qui il fit une grimace pendant que le maître regardait ailleurs.

Il tapait du pied quand l’autobus arriva. Il enjamba la distance qui le séparait de la plateforme, et alors qu’il s’engouffrait dans l’habitacle, sa chanson préférée débuta.



lundi 18 avril 2011

la fin de session, ou comment expier sa joie

c’est une véritable explosion de joie qui se produit dans ma tête. Jamais j’aurais pu croire que terminer deux stupides travaux puisse me rendre aussi euphorique. J’aime tout ce qui m’entoure : les chats qui lèguent leurs poils à mon lit; la bière qui est SI bonne, même si le besoin de se rafraîchir est inexistant (non mais regardez par la fenêtre, c’est ridicule comme il fait gris); la musique qui remplit mes oreilles est absolument géniale. Et puis il faut dire que j’ai été d’une efficacité crasse, puisqu’en plus de faire lesdits travaux, j’ai retrouvé le plancher de ma chambre, qui ne semblait exister que par le phénomène de gravité; j’ai fait non pas une, mais bien deux brassées de lavage; j’ai passé le balais; j’ai vidé la litière (et Black Sabbath s’est fait un plaisir de l’inaugurer, trois fois plutôt qu’une); j’ai lavé la vaisselle et j’ai même ajouté quelques items qui n’avaient pas été salis par moi!; et puis j’ai fait une réservation pour cette visite du silo #5 pour laquelle j’avais été sur une liste d’attente pendant des mois. Enfin j’ai planifié le jour qui viendra, en commençant par un sympathique souper, puis une douce nuit où j’étudierai le concept allemand de AUSSCHLAFEN (qui se traduirait par « dormir jusqu’à plus soif »), demain je vais remettre les travaux sans même y jeter un regard, prendre des livres plaisants à la bibliothèque (et rapporter les malcommodes), visiter le bazar SENS, puis boire de la sangria sur mon balcon (ou dans ma cuisine, j’attend encore la réponse de mère nature là-dessus) avec au moins 2 des personnes les plus cool qui soit, et je vais être tellement encore plus en vacances! que j’irai travailler mercredi…

dimanche 3 avril 2011

cette photo

Cette photo… tu te souviens?

J’avais cherché pendant des semaines le cadeau idéal. Traîneau à chien ce serait. Faire les réservations. Quoi mettre sous le sapin? J’avais fait un de mes horribles dessins que tu aimes tant, où nous glissions à travers la forêt tirés par nos chiens-qui-avaient-l’air-de-chats. Bon ok, t’avais pas compris du premier coup. C’est vrai que ces chiens, ils avaient pas l’air de chiens. D’un coup ton regard s’était éclairé. J’étais si contente à l’idée de t’offrir une balade inoubliable!

Le jour venu, nous nous étions levés tôt. À Saint-Sauveur, nous nous étions arrêtés à l’épicerie pour acheter quelque chose à grignoter. J’avais pris des berries et du Brio, t’avais trouvé ça dégueulasse, tu te souviens? Comme d’habitude, j’étais stressée, j’avais peur d’arriver en retard, mais on était arrivé à l’heure. Il faisait gris, il faisait doux, il ne neigeait pas. Les chiens hurlaient, c’était un peu effrayant, mais les gens étaient chaleureux, il y avait aussi ces Allemands avec qui tu avais jasé. Après une courte pratique on s’était élancé sur les pistes. Mes chiens étaient beaucoup trop agités, ils tiraient même quand on devait arrêter, je n’étais pas assez lourde pour les freiner! Et toi, tu en avais perdu un, juste comme ça, en plein milieu du parcours.

Cette photo, nous l’avions prise quelques minutes avant, avec les derniers soubresauts d’énergie de ta caméra. Regarde comme on sourit! Elle est mal cadrée, nous dans un coin, la forêt au milieu, et un bout de traîneau à gauche. C’est tout de même une de mes préférées. L’ivresse de la course avait teinté nos joues d’un bonheur simple et contagieux.

On était rentré au bercail, épuisés. La nuit était déjà tombée. Après, je ne me souviens plus.

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Plus d’un an s’est écoulé depuis cette journée.

Pas un jour ne passe sans que mon regard n’effleure toutes ces photos de nous, tous ces sourires, ces grimaces, ces petits évènements qui ont marqué notre histoire. Pour chacun que nous avons immortalisé, combien de ces moments y a-t-il eu?

Je voulais seulement te glisser un mot sur cette photo de nous, en ce jour d’hiver, où nous étions heureux, et te dire que je pense à toi.

lundi 14 mars 2011

tes essais

Tu ouvriras les yeux et chercheras le réveil. L’heure te sera révélée, tu seras satisfait. Avant de refermer les paupières, ton regard croisera la bibliothèque de chêne, les rideaux de voile, le jeu des rayons de lumière dans la poussière en suspension. Le matelas moelleux te remontera la commissure des lèvres et te plissera les yeux : un sourire comblé, bien vite estompé.

Le second réveil sera le bon; tu auras voulu te lever plus tôt, comme d’habitude. Tu descendras à la cuisine, le café sera déjà prêt. Son odeur se mêlera aux effluves du printemps quand tu ouvriras la porte. Par réflexe, tu regarderas dans la boîte aux lettres, et elle sera vide. Tu t’assoiras à la table, le journal n’y sera pas. Ce n’est pas grave; tu auras toujours aimé laisser voyager tes pensées, surtout le matin, surtout dans cette pièce que la lumière inonde.

Il n’aura pas fallu que tu t’attèles à la tâche si vite. Tu l’auras pourtant fait pour lui faire plaisir. Mais tu ne seras pas prêt, et quand tu ouvriras tous ces vieux cartons, les souvenirs t’assailliront. Des boîtes et des boîtes remplies de ta vie, de la sienne, de la vôtre. Tels des soldats, les mémoires grimperont sur tes jambes agenouillées, sur tes cuisses, sur tes bras, et enfonceront leurs lances cuisantes dans ta poitrine jusqu’à en extirper de douloureux sentiments. Tu l’auras aimé jusqu’au bout, mais auras oublié qu’elle était partie depuis déjà longtemps.

Lentement, tu remettras tous les objets en ordre. D’une caresse du pouce tu feras tes adieux aux photos, aux lettres, aux artefacts hétéroclites qui peuplaient votre quotidien, aux ex-voto sacrifiés à l’autel de votre amour. Le couvercle s’ajustera parfaitement, comme toujours. Tu rangeras les caisses dans la penderie, à côté de ses chapeaux, jetant un regard tendre vers sa collection de chaussures si bien alignée.

Tu iras finir ton café sur le sofa du salon, recroquevillé, pensif. Tes yeux se perdront dans le vague et effleureront la table basse, les coussins de jacquard, la cantonnière assortie, la tapisserie fanée. La nuit tombera et te prendra par surprise. Fermer la cafetière, grignoter un morceau. Une autre journée à rêvasser. Tu auras voulu faire mieux; demain, tu seras plus efficace. Demain, tu iras faire le ménage de ces boîtes dans lesquelles elle t’aura demandé de jeter un œil.

Tu te mettras au lit dans ton pyjama de soie bleu; c’aura été son préféré, d’aussi loin que tu te souviendras. Tu fermeras les yeux et respireras un bon coup les draps légers. Le sommeil ne tardera pas à venir, et tu auras une pensée pour le jour qui s’annonce. Tu sauras déjà que tu traineras au lit, pour la forme. Puis…

jeudi 17 février 2011

les p'tits pains sauveurs de couple

-Chéri, j’ai faim.

-Moi aussi, j’ai hâte qu’ils viennent prendre notre commande. Au moins y’a des p’tits pains.

[Il prend un pain, l’ouvre en deux moitiés, et commence à les beurrer.]

-Mmm c’est bon, des p’tits pains.

[Elle vole une bouchée sur le morceau qu’il mange.]

« C’est vrai que c’est bon », pense-t-elle. « J’vais prendre sa deuxième moitié. Si j’en mange un au complet, j’me connais, j’aurai pu faim pour le repas. »

[Elle lui vole l’autre moitié et prend une bouchée. Il la regarde de travers, reprend le pain et le met presqu’au complet dans sa bouche. Elle le regarde, étonnée.]

-Mais j’ai faim! Pourquoi tu veux pas partager avec moi?

-C’est MON pain. Prends-en un autre si tu veux, y’en a plein.

-Mais j’en veux pas un complet, c’est trop. Come on, t’es poche, t’aurais pu me donner un bout!

[Tout à coup, un demi-pain apparaît de nulle-part, ou presque : la main de Daniel y est encore attaché.]

- Tiens, prend ma moitié, j'en voulais pas un au complet de toute façon.

-Oh wow, merci Daniel, toi au moins t’es fin, pis en plus, tu viens de sauver notre couple!

[Fin de la chicane.]

mercredi 9 février 2011

Spécimen #3: la souffleuse


Je suis un danger public.

Vous tournez le dos, et hop! j’ai déjà tué votre chien. Ne laissez surtout pas mamie sans surveillance…

Mes mâchoires d’acier broient tout ce qui leur tombe sous la dent, sans aucun scrupule. Je hais les gens qui se me barrent la route, et ma vengeance n’est jamais très loin. Vous avez déjà vu ma tête dans les journaux sous la rubrique « recherchés ». Je suis une criminelle du grand chemin, de l’avenue commerciale et de la rue tranquille. Ah! Comme il est doux de lire la peur dans tous ces petits yeux lorsque j’active ma spirale infernale…

Mais un jour, on m’a surpris en flagrant délit. J’étais libre et puissante, on m’a réduite à l’esclavage, on m’a mariée de force. Attelée à longueur de journée avec un camion abrutissant, je roule tranquillement, inexorablement, à travers les rues de la ville, une après l’autre, après l’autre, après l’autre… Si ce n’était que ça, ce ne serait pas si pire! Mais je dois continuellement me taper le discours de Big Benne sur sa sainte de mère et ses rêves brisés, ses idiotes déclarations d’amour et les railleries des collègues sur notre effarante liaison. Lorsque je mets tout mon cœur et toutes mes énergies à mâcher, broyer et recracher cette neige, c’est ma rage que j’exprime et que j’expie! Seulement, ces mastodontes sont aveugles devant mes tendances destructrices et ne font que me féliciter bêtement pour mon travail impeccable. Seule la gratte comprend la fureur sourde qui gronde dans mes entrailles, elle qui savoure en silence le pouvoir que lui procure sa force. Peut-être un jour nous unirons-nous pour recréer un monde meilleur ailleurs, là où la nourriture est abondante et les automobilistes, croquant sous la dent?

J’endors les soupçons avec de beaux discours sur les bienfaits du vivre-ensemble, les ravissements de la collectivité et les plaisirs de la camaraderie. Je mange mes émotions, je choisis mes combats, mais surtout, je planifie ma libération. Je sais que les regards sont braqués sur moi, moi la folle, l’abatteuse de travail, l’abatteuse tout court. Les rumeurs courent dans mon dos, j’en viendrai à bout, je les manipulerai et les mènerai tous en bateau, ils ne verront rien venir!...

En attendant, je rentre dans le rang. Parfois j’échappe à leur surveillance, et je rêve d’un accident, d’un tout petit et tout bête accident… disons, d’une jambe… un bras?... enfin, du sang…

dimanche 6 février 2011

Spécimen #2: Big Benne


Je mange parce que je m’ennuie.

Vous savez, la vie, quand on est gros, lourdaud, maladroit, lent, elle peut sembler bien longue. Alors quand on m’offre quelque chose à faire, ne serait-ce que manger dla neige, ben je le fais. Mon amoureuse me dit que c’est pour le bien de la collectivité. Pis, de toute façon, dans l’équipe, faut bien que quelqu’un fasse la job. Eux, ils ont tous des pelles, des grattes, des accessoires mécaniques sophistiqués. Ils m’impressionnent. Moi ma seule caractéristique c’est d’avoir un gros appétit…

Alors c’est avec lassitude que jour après jour, je mène mon petit bout de chemin. Je me contente de peu : la présence de ma tendre moitié, la douceur de la neige fraîche, et l’action de la ville. Avec un peu de chance, j’aurai droit à une retraite à la campagne, loin du stress de la voirie, et je transporterai de la terre, du sable et du gravier.

Quand j’étais jeune, je voulais être un camion-citerne. Je me voyais déjà, le ventre plein d’essence, transportant une cargaison d’une importance vitale pour mes collègues. On me vouerait le respect; on s’écarterait à mon passage. Mais mon père m’a toujours dit que j’étais pas mieux que lui, et que forcément je suivrais ses traces : camion à vidanges… Malgré tous mes efforts, je suis devenu trop gros, trop vite, et mon physique ingrat a ruiné mes chances dans le transport de matières dangereuses. À défaut de quoi je me retrouve maintenant chauffeur pour résidus de tempêtes.

Certes, c’est tout de même pas si mal. Je suis utile, mettons, 5 mois par année. Je fais partie d’une équipe solidaire : on travaille ensemble, sur les mêmes rues, sur les mêmes bancs de neige. On s’entraide, et je suis content d’avoir trouvé une famille qui m’aime, même s’ils m’appellent Big Benne. Ça j’aime moins par exemple. Je reste stoïque, mais je peux pas m’empêcher d’avoir une pensée pour ma mère, si douce, si gentille, si dévouée, qui m’a toujours appris à me tenir sur mes 22 roues pour mes droits. Si elle me voyait maintenant… Elle était le plus beau camion de recyclage de toute la ville, mais un accident atroce l’a défigurée, et son corps a été tellement mutilé qu’ils ont du l’envoyer à la fourrière en pièces détachées, elle, la grande écologiste. Elle me manque, même si je sais qu’elle n’approuverait pas la vie que je mène. Après tout, ma femme est une ordure…


mercredi 2 février 2011

la terre promise

Pendant combien de temps faut-il marcher dans une même direction pour que le dégoût que nous cause la futilité de l’entreprise ait raison de notre volonté?

Où nous trouverons-nous quand nous ouvrirons les yeux? Dans quelque lande aride, dans quelque ruelle sale? Entouré d’une foule, seul comme un prophète? Ce pèlerinage n’a aucun sens. Il faudrait se le dire dès maintenant, avant de commencer, pour ne pas être déçu quand nous ne terminerons jamais. Ces pas que nous alignerons, malgré tous nos efforts, ne formeront pas une ligne droite, pas plus que ces pensées qui nous traverseront l’esprit ne deviendront une littérature de grand chemin.

Peut-être fera-t-il froid; cela m’est égal. Chacun est libre d’emporter ce qu’il veut. Quant à moi, une couverture me suffira. Elle sera à la fois drapeau et chapeau, ailes et amarres, abris et débris. Marcher, oui, si la motivation nous tient, sans relâche, à perdre haleine, dans ses étourdissantes euphories et ses languissantes lassitudes. L’arrêt n’est pas une option, sauf quand le temps sera venu.

Certains diront que le but n’a pas d’importance. Nous les croirons sur parole, pour n’en avoir jamais eu, pour n’en avoir jamais eu l’intention non plus, enfin pour que la connaissance de la destination ne détourne pas notre caravane du vide d’intention dont elle saurait faire la preuve.

Hélas! Tôt ou tard nous serons las. Faute prévisible n’est pas pour autant expiée. Sans vergogne nous nous jetterons à l’eau, à terre, au feu s’il le faut. Nous perdrons la tête, et la notion du temps, et peut-être même notre chemin, après tout, ce périple est un tout-inclus. Mais comme nous n’allons nulle part, incontestablement nous continuons d’avancer.

Je nous vois déjà, glorieux, les deux pieds sur la terre promise, le corps dans le vent qui souffle sur la terre promise, la tête dans les nuages qui bordent le ciel de la terre promise. La terre n’est promise que parce que nous nous sommes dits : nous n’arrêterons pas tant qu’il y aura une distance à parcourir, c’est promis. Cette distance, nous ne l’avons pas calculée en mètres, ou en minutes, ou en respirations; elle s’est tout simplement déroulée sous nos idées.

Combien de temps avons-nous marché, pour que ce dégoût immense nous saisisse? Je ne dois pas oublier de vérifier en rentrant. L’inconsistance de nos actions étant ce qu’elle est, je ne peux pas dire que nous ayons réussi, pas plus que je ne tolérerais un jugement contraire. Nous sommes les entrepreneurs de la sottise, les bâtisseurs de la fantaisie, nous avons baissé les bras, baissé les yeux, plié les genoux face à l’appétit de la route. Maintenant que nous nous relevons, que reste-t-il du monde connu?

Nous chercherons sans relâche le chemin du retour, fouillant les recoins de nos mémoires, et suivrons les pistes qui nous promettront un retour à la raison, aussi loin qu’elles nous entraîneront.

mardi 25 janvier 2011

la angustia

La tiene Black Sabbath. La angustia. Del tipo de angustia que la hace huir frente al desafío, del tipo de angustia que acelera los latidos de su corazón al simple oír de un ruido inocuo. Al igual que una pantera en una jaula, da vueltas en la pequeña habitación sin tener el coraje de ir más allá que la puerta. La inquietud la rodea. No conoce nada, y sin embargo no lo quiere tampoco. Se enoja contra los otros gatos, que curiosos vienen a verla desde la entrada del cuarto. Entonces se puede oír su sordo gruñido, amenazador y profundamente malvado. Si el intruso no da vuelta atrás, Black Sabbath se refugia debajo de la cama, y su monstruoso rugido sigue resonar, levemente acallado por el espesor del colchón.

Pero cuando se atenúan los ruidos del día, sale de nuevo y derrama su triste llanto al pensar a su vida anterior. Había sido la dueña de una casa larga, tranquila, casi vacía. En esta casa tenía sólo a ella seis sillas, tres sofás, dos sillones y una alfombra enorme. Pero su mirada se oscurece cuando piense a estos ocho meses que pasó en la calle. Se había perdido; había visto la cara más cruel del invierno, había errado en las callejuelas más sucias de la ciudad, había sufrido el peor abandono, el de la confianza en el porvenir. Así ha contraído la angustia, que desde este tiempo no la deja nunca.

Su inseguridad puede trasformar su humor en una fracción de segundo, pasando de cariñosa a destructora. A veces su ira es tal que golpea a su ama, dejando largas huellas sangrientas con sus patas mutantes. Tiene seis garras afiladas como navajas al extremo de cada pie, y no se hace rogar para usarlas. Todo la molesta en su nuevo dominio: el piso del cuarto es muy frío, la comida no es la que le gusta, y el paisaje que ve por la ventana es lleno de edificios extraños. Black Sabbath tiene añoranza de su vida tranquila, pero más que todo, tiene añoranza de este estado de ánimo que le permitía vivir sin miedo, sin paranoia, sin angustia.

mercredi 12 janvier 2011

l'amérique hispanique

Bon, j’suis encore en retard. Tsé c’est long sécher ses cheveux le matin! Mais une fille doit faire ce qu’une fille doit faire. Une chance que mon PC c’est un Mac! Au moins ça allume vite vite.

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Bon de quoi on parle déjà? Ah oui, l’Amérique latine. Mais pourquoi le prof parle tout le temps de l’Amérique hispanique? J’comprend pas c’est où l’Amérique hispanique. Pourtant on m’a dit que c’est un cours sur l’Amérique latine. Note à moi-même : regarder sur google.

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Ah oui! Il parle du Mexique. C’est tellement un beau pays, avec ses plages, pis ses beaux hôtels. En plus, dans leur culture, les drinks c’est toujours inclus dans les tarifs, c’est tellement cool, on peut boire plein de piña colada! C’est juste dommage que les gens se battent tellement pour des champs de cocaïne. Ils devraient prendre exemple sur le Québec et nationaliser tout ça.

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Bon, le Belize par contre j’connais pas ça. Ni le Surinam d’ailleurs. Ça sonne asiatique. Mais c’est en Amérique latine. Ou en Amérique hispanique? J’suis toute mélangée. Faut pas que j’oublie de regarder sur google.

[…]

Il parle encore de Simon Bolivar. Décidément, populaire comme il est, il doit être un chanteur de salsa. Je comprends pas pourquoi tout le monde aime la salsa. Le reggaeton c’est tellement plus cool.

[…]

Wow! J’viens d’apprendre que Cuba c’est une île. Faut absolument que je le dise à tout le monde, j’suis tellement fière! Heille j’étais TELLEMENT sûre que Cuba c’était en Amérique centrale, genre, à côté du Costa Rica. Ma cousine est allée pis elle a trouvé ça ben beau. Le Costa Rica là, pas Cuba. En tout cas, ça explique pourquoi ya tellement de plages à Cuba : y’en a tout le tour!

[…]

Est-ce qu’ils cultivent la cocaïne, à Cuba?

mercredi 5 janvier 2011

La fois où j'ai mangé trop de pois au wasabi à côté d'un pont

Keremeos, août 2008.

Une autre belle journée en Colombie-Britannique. Le soleil brillait, le ciel était presque exempt de nuages. Nadia et moi avions fait le tour des vergers pour se trouver un emploi, et à force de persévérance, nous en avions trouvé un. Du thinning dans un vignoble, c'est mieux que rien. Et puis au cas où ça ne nous plairait pas, on avait aussi une autre offre pour cueillir des cerises. Tout ça pour dire qu'on avait fait accompli nos tâches de la journée, c'est-à-dire trouver une job.

Alors on est allées à l'épicerie du village pour faire le plein de nourriture. Chose surprenante, on y vendait des pois aux wasabi, aliment que je n'avais jamais vu en-dehors du quartier chinois de Montréal. Une collation parfaite pour un si bel après-midi.

On a pris la route qui mène au pont couvert, celle-là même qui mène au terrain de camping où sont parfois organisés des raves. Juste après la sortie du pont, on a tourné à droite puis on a laissé la voiture à quelques mètres de la rivière Ashnola. Cette rivière était glacée. On ne s'y baignait que symboliquement, parce qu'il faisait si beau dans la vallée Similkameen, et qu'on y était si heureux. Autant on brûlait au soleil, autant on gelait à l'ombre, et nous alternions entre la rivière, la plage et le dessous du pont.

C'est alors que nous sont apparus deux canadiens et leur bateau de sauvetage. Ils allaient descendre la rivière, qui avait un fort débit, pour les prochaines 12 heures. Ils avaient pensé à tout: une glacière avec eau, jus et vodka; une radio d'urgence; de la nourriture; des gilets de sauvetage; des pagaies; des vêtements chauds; une bouée; des lampes de poche imperméables, et plein d'autres choses. Alors pour fêter leur départ et leur souhaiter bonne chance, on a fumé le calumet de la paix avec eux. Ils sont partis, on s'est dit qu'ils n'atteindraient jamais leur point d'arrivée avant la tombée de la nuit, pauvres fous, et on a entamé notre boîte de pois au wasabi.

La brûlure intense des pois ajoutée à celle du soleil est venue frapper de plein fouet l'engelure causée par la baignade et le joint, et nous nous sommes écroulées, abattues, terrassées. D'autres gens sont venus et ont sauté dans le courant de la rivière, armés de bouées gonflables. Nous les avons regardés sans bouger de la rive.

Le wasabi que j'ai consommé ce jour-là m'a tant brûlé que j'en ai gardé des séquelles. Depuis ce temps, ses charmes épicés me sont complètement inoffensifs.