Le jour de l'An, c'était traditionnellement du côté de ma mère que ça se fêtait. Au début c'était l'fun, malgré le fait que je ne recevais pas de cadeaux. On dansait, principalement. Des set-carrés. Des rigodons. Des gigues. Puis ma parenté est devenue âgée, on n'a plus voulu faire l'effort de s'accueillir l'un l'autre. On a loué une salle. Pour une ambiance stérile, c’en était toute une. Un peu plus et on passait la veillée à l'hôpital.
Les discordes au sujet du buffet (de la dinde, oui ou non?) ont fini par avoir raison de notre unique rencontre annuelle, tant et si bien que depuis, j'ai passé le jour de l'an chez moi en ermite. C'est qu'évidemment, à Montréal, il ne se passe pas grand-chose d'intéressant si on n'est pas invité à un méga-party. Alors on se console en écoutant les versions longues du Seigneur des Anneaux, et on attend que ça passe, comme la grippe.
Mais j'ai d'autre raison de trouver le jour de l'An insupportable. D'abord, cette histoire de résolutions. Comme si on allait changer du jour au lendemain, juste parce qu'on change de calendrier. On se fait croire dur comme fer que cette cigarette, c'est la dernière, mais ça ne marche JAMAIS. Pourquoi? Parce que les choses qu'on veut changer, on les change sur-le-champs, et celles si on ne veut pas vraiment changer, on remet ça à plus tard. Genre, l'année prochaine. C'est d'une navrante mauvaise foi.
Et puis le jour de l'an signe l'arrêt de mort des vacances de Noël. Après, y'a pu rien à fêter. Ok, les rois mages peut-être, mais ça reste une histoire de gâteau avec un pois sec caché dedans. C'est le retour à l'école, au travail, le come-back du réveil-matin. On regarde avec réticence ces longs mois de froidure à venir, et on soupire...
La vie continue. N'empêche que le jour de l'An, c'est plate. Ça ne signifie rien, sinon que de changer l'année quand on écrit la date. Mais c'est quoi, au final, une année? Plein de jours. Un jour de plus, un jour de moins, c'est du pareil au même. Comme si ça pouvait vraiment nous rendre heureux de se rendre compte qu'on vieillit, que le temps passe trop vite, ou pas assez, qu'on n'a jamais fait autant de choses qu'on voudrait, que tout est toujours à recommencer.
Je hais le jour de l'An. Ça me déprime. Mais Pâques, par exemple...