Les plumes furent envoyées au laboratoire: perdrix, conclurent les experts. Les meilleurs ornithologues furent dépêchés pour trouver dans cette jungle urbaine un milieu où elle aurait pu s'établir. "Les perdrix sont des animaux qui vivent en famille", déclara l'un d'eux. "Peut-être cherche-t-elle un mâle?"
Ils s'affairèrent donc à recueillir une quantité suffisante de plumes pour couvrir un homme de taille moyenne. On lui attacha des postiches d'ailes et son corps fut enduit de phéromones aviaires. On lui enseigna longuement les rudiments du chant de la perdrix et on l'envoya se promener dans le grand parc boisé de la ville. Il ne fallut que quelques heures pour qu'un spécimen de perdrix ne vienne à sa rencontre. Elle avançait par à coup, timide, jusqu'à n'être plus qu'à un mètre de l'agent d'infiltration. Il poussa une plainte d'oiseau blessé, et après quelques répliques de sa congénère, elle l'invita à la suive.
Après une marche de quelques minutes dans les bois, ils arrivèrent à un arbre dont la racine cachait une ouverture. Avant de descendre, le mouchard s'assura de sonner l'alerte grâce au GPS qu'il tenait à la main, invisible car cachée dans la fausse-aile. Cette précaution lui fut salutaire, car aussitôt dans l'antre de la bête, elle se lança sur lui, aucunement trompée par son déguisement. Une lutte féroce s'amorça. L'homme, qui était entraîné au combat, se débarrassa vite de ses ailes pour se servir de ses bras. Il tenta de lui faire une clef-de-bras, mais force lui fut d'admettre qu'elle n'en possédait pas. Son désarroi laissa le champ libre à la femme-perdrix, qui prit le dessus et s'attela illico à lui picorer le visage.
C'est à ce moment que survint l'équipe d'intervention tactique. Surprise, la créature prit la fuite mais sa connaissance des dédales souterrains n'empêcha pas les policiers d'être sur ses talons. Tout à coup, le tunnel s'effondra et un amas de terre s'abattit sur la tête de la perdrix. Malgré leur zèle, les policiers ne purent la déterrer à temps, et sa mort fut constatée sur place.
En fouillant les tunnels habilement creusés, les forces de l'ordre retrouvèrent la deuxième victime, apeurée mais saine et sauve, ainsi que plusieurs ossements qui se révélèrent être humains.
La ville retrouva son calme et les citadins purent retourner à leur magasinage l'esprit tranquille. Néanmoins, tous durent admettre que le mal n'est jamais bien loin...
*Aucune perdrix ne fut blessée lors de l'élaboration de ce scénario.
1 commentaire:
C`est bon que tu as pensé à la coté de sauveteur des animaux!
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